SERGE DE YORK

BIOGRAPHIE

Au nord de nulle-part

18 février 2022

[ La couveuse / BACO DISTRIBUTION]


« La piste de danse est couverte de gens, presque tous sont jeunes, presque tous s’ennuient, presque tous essaient de montrer qu’ils s’amusent
. »
Bret Easton Ellis – « Moins que zéro »

Avec son perfecto soigné et sa coiffure impeccable, Serge a toutes les apparences d’un nouveau dandy de la chanson française version 3.0. Mais derrière l’archétype du petit bourgeois blanc, le cuir craquelle … Fragile, cynique, hypersensible et terriblement universel, Serge est un oiseau de nuit tout droit sorti de la plume de Pacadis. Il règle ses comptes avec son histoire familiale, un père absent, la mélancolie de l’enfance. Une descente aux enfers racontée pied au plancher, de la façon la moins romancée possible. Mais sa musique et son écriture transpirent d’une pulsion de vie que seuls ceux qui ont touché le fond de la piscine sont en capacité d’avoir.

Assumant sa part d’ombre et de noirceur, Serge raconte l’injonction permanente de notre époque à l’avatarisation et au bonheur Instagram-ableet surtout le malaise qu’elle provoque chez ceux que cette cosmétique de soi oppresse. Des titres cathartiques écrits pour sortir d’une dépression qui ne le quittait plus depuis le décès brutal de ses parents – synonyme d’un passage définitif à l’âge adulte. « Je ne supportais plus les crises d’angoisse quotidiennes, qui me menaient doucement vers la tombe… Alors que la vie m’offrait tout, l’amour, une carrière professionnelle très gratifiante… J’avais un besoin vital de vider mon sac, de m’affranchir d’un passé toujours intériorisé, caché et masqué par des sourires de façade. »

Derrières les mots crus, le valium, le whisky, les antidépresseurs et les amours éphémères, il y a une fureur d’aimer et beaucoup de tendresse comme le suggère le titre « Embrasse-moi d’abord ». L’aspiration au bonheur derrière la provocation, c’est peut-être en ça que Serge se rapproche de l’homme à la tête de chou, auquel son nom d’artiste fait évidemment référence.

 Déjà repéré, il y a une dizaine d’années au sein du groupe FLOU, Serge n’en est pas à son coup d’essai. Ce groupe, considéré comme un grand espoir de la scène régionale nordiste, avait fini par splitter de façon fulgurante, après un premier maxi et une cinquantaine de concerts intenses et sulfureux au 4 coins de l’Europe. 

Depuis, la mélancolie de Serge, « bien jolie, bien enfouie », a donné naissance à son premier mini-album « Au Nord de nulle part ». Un clin d’œil au recueil de Bukowski « Au sud de nulle part » et sa galerie de personnages inadaptés et sublimes. C’est ce même syndrome de l’imposture qui a nourri l’inspiration de Serge. Son écriture est à la fois furieusement contemporaine – la scansion, le style – et complètement intemporelle – la mélodie, les refrains. Ses morceaux forment un mélange de pop urbaine, d’indie Mancunienne et de chanson française. Neuf titres épurés – élaborés au piano et sur Ableton – presque rongés jusqu’à l’os et dont il ne reste que l’essentiel : des mélodies limpides, des rythmiques efficaces et des basses chaloupées qui sonnent comme une évidence. En cela, Serge s’inscrit complètement dans cette scène française décomplexée qui manie les influences avec désinvolture empruntant autant aux aînés – Daniel Darc, Biolay ou Miossec – qu’au meilleur de la scène contemporaine – Terre Noire, Malik Djoudi, Eddy De Pretto…

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