Buridane

Oai Star(c)Chris Soprano

BIOGRAPHIE

Colette fantôme

12 mai 2023

[ PLUIE VAUDOU / ABSILONE ]

Après « Pas Fragile » et « Barje Endurance », Buridane revient avec un nouvel album « Colette Fantôme » produit par Féloche.Sorte de poupée russe avec un mort, ce disque est un dialogue avec un fantôme, un rêve d’émancipation, une mythologie à écrire.
On y retrouve des chansons intrépides à la plume incisive, à la tendre noirceur et à l’urgence éperdue, à la fois ombre et lumière, qui scintillent dans un crépitement de mandolines.

Du fantôme au fantasme, il n’y a qu’un pas que Buridane n’hésite pas à franchir dans ce troisième album, matrice ambitieuse et singulière d’un projet musical et littéraire. Côté fantôme, l’artiste de 37 ans ressuscite le temps d’un disque sa grande tante Colette – soeur de son grand-père et bonne soeur tout court – qu’elle n’a jamais connue mais qui pourtant la hante depuis l’enfance. Côté fantasme, elle se confond en elle, superposant leur vie comme deux destins concomitants, dont l’enjeu final est de s’en délester.

Il aura fallu 5 ans à Buridane pour donner naissance à ce nouvel album, le temps pour elle d’imaginer un disque en anamorphose de ses souvenirs et de ses projections (mais aussi le temps d’accueillir un enfant, de traverser une pandémie, de monter son label…). 5 ans de réflexions, 5 ans de travail, 5 ans d’hypermnésie qui se traduisent ici par un disque passerelle entre les morts et les vivants. Pour ce nouvel opus, Buridane en a confié la réalisation et les arrangements à Féloche, super héros de la mandoline. À eux deux, ils forment un étonnant binôme : l’un clair et l’autre obscure, ils ont en commun ce qu’on appelle « l’âme slave » – autrement dit l’émotionnel en montagnes russes – et s’en donnent à coeur joie pour le matérialiser dans les chansons.

La créativité bouillonnante et solaire de Féloche révèle Buridane sous toutes ses facettes, faisant de cette dame en noir un arc-en-ciel dans Game over the rainbow, une Mylène Farmer en Pataugas dans Total Fiasco, une reine de la pop et de la joie dans Ni Kalifa ala ma, une mère amazone dans Chasser la Nuit ou encore une allégorie de la sensualité dans Pluie Vaudou.

Si le fantôme de Colette hante les couloirs de ces mélopées, on y croise d’autres spectres, notamment Hugues Le Bars – musicien de génie qui a longtemps travaillé aux côtés de Maurice Béjart – dont la musique reste de l’aveu même de Buridane le choc esthétique de ses années de danse, et qui a fait d’elle l’artiste qu’elle est aujourd’hui (Hugues Le Bars qui du reste, est le père de Féloche, ou comment boucler la boucle).

Ce disque marche tranquillement avec la mort (Total Fiasco, Colette Fantôme) et témoigne avant tout d’une foi en la vie à toute épreuve (Chasser, la nuit, Ni Kalifa ala ma, Game Over The Rainbow, Tombeau), où même la sexualité n’est rien d’autre que l’expression d’un corps réalisant qu’il fait bien parti du monde des vivants (Tambourine, Pluie Vaudou). La quête de soi a des allures de bulles de champagne, la poésie laisse respirer l’imaginaire, on sourit baigné de mystère. À lire (bientôt), à voir (les clips réalisés au super 8 par le binôme méritent le détour !) ou à rêver.

N’ayez pas peur des fantômes, écoutez-les danser.  

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