CHICHI ET BANANE

BIOGRAPHIE

LITTÉRATURE DE FICELLE

LIVRE DISQUE 28 JANVIER 2022

[ MANIVETTE RECORDS / KURONEKO ]

Bien que vivant à La Ciotat, ils ne s’étaient jamais rencontrés. Du reste ils avaient, tous deux, vécu loin de chez eux, avec ce point commun, ce sentiment que l’on ressent quand on rentre au bercail après une longue absence, ce moment magique où s’offre à vous cette vue plongeante dans le bleu du golfe, dominé par ses immenses grues d’acier… Depuis longtemps déjà Chichi déclamait ses textes ou ceux d’Henri-Frédéric Blanc1, debout sur une chaise aux balètis de la Chourmo2, à la librairie « Au Poivre d’Âne », dans le mythique bar O’Central de La Ciotat ou en pleine rue…
Jeune musicien talentueux, Banane intègre le groupe ciotaden Moussu T e lei Jovents à la guitare rythmique qui le plonge dans le projet des opérettes marseillaises des années 1930 et s’aperçoit par la même occasion de la nécessité de s’immerger dans la culture locale. Leurs chemins se croisent tout naturellement dans ce grand òai culturel, centré autour de la pensée3 prônée par les artistes tels que Moussu T e lei Jovents, Massilia Sound System, Fabulous Trobadors, Nux Vomica (les artistes de la « Linha Imaginòt ») et le philosophe, penseur de la décentralisation culturelle, Félix-Marcel Castan.
Le projet est né à l’angle d’une rue de la vielle ville, sur les marches d’un perron, ce fut comme une évidence, comme la renaissance d’un folklore oublié. Chichi avait ses textes, Banane son banjo, instrument populaire par excellence, utilisé par les esclaves africains déportés aux Etats-Unis et popularisé par le early jazz à la Nouvelle Orléans. Ils s’inscrivent ainsi dans la lignée du nouveau son ciotaden dont le groupe Moussu T e lei Jovents est le fer de lance.
Tous deux conscients de l’hallucinante accélération que l’on vit aujourd’hui, de cette aire de l’éphémère et de l’obsolescence programmée, ils veulent laisser un témoignage musical, poétique et graphique de cette transition de siècle que nous vivons, à La Ciotat, s’employant à mettre en lumière l’universalité contenue dans la culture locale.
Chichi chahute les règles littéraires en écrivant « comme on parle » préférant jouer avec les mots et les faire chanter plutôt que de se contraindre à un cadre poétique académique. Mais attention, il ne chante pas, il fait chanter les mots ! Le défi était de parvenir à composer une musique respectant la musicalité des phrasés fleuris de l’accent provençal du poète. Ainsi chaque composition a été cousue main.
Ils sont souvent comparés à des saltimbanques, des musiciens ambulants traditionnels, lorsqu’ils tirent leur chariote sur laquelle sont accrochés leurs feuillets illustrés (illustrés de main de maître par le peintre ciotaden Blu S.Attard), mais leur inspiration vient surtout de la « musique des accents » et de « la farce marseillaise », cet art naturel de la bouche, l’abrivade4 qui sonne comme une symphonie à qui sait tendre l’oreille. Cette partition qui caractérise les accents d’aujourd’hui mais qui vient d’un passé commun. Celui d’avant l’institution de la langue française, l’occitan. Ce rapport à la langue est essentiel dans l’appréhension de la poésie déclamée de Chichi et Banane : l’occitan est mère d’une grande partie des mots encore utilisés couramment aujourd’hui en Provence et dont ils aiment à comprendre l’étymologie et faire ainsi résonner leurs racines.
Quant à la littérature de ficelle, elle nous est tout droit inspirée de la littérature de cordel brésilienne, art de rue poétique dont les artistes vendent leurs écrits sur les marchés, sous forme de livrets illustrés (folhetos), étendus sur des cordes à linges entre deux piquets. Ce rapport au Brésil les inscrit dans la lignée de la nouvelle musique occitane portée par la Linha Imaginòt.
Au final, ces poèmes déclamés en musique sont faits pour être entendus ou lus avec l’accent mais aussi admirés et exposés ! Cette littérature de ficelle porteuse des oeuvres de ses auteurs locaux, est d’une inestimable importance pour véhiculer l’identité culturelle locale ; elle contribue à l’invention d’un folklore et, par la diversité des thèmes abordés, en fait une satire critique, humoristique et bienveillante sur les traditions et les moeurs de nos concitoyens de Provence !

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